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Quelles villes pour demain

Quelles villes pour demain ?

Le concept de “Smart City repose sur une conviction : celle que l'innovation technologique et la coopération vont contribuer à améliorer la qualité de vie des citoyens.

À Lausanne, l’International Institute for Management Development (IMD) abrite le World Competitiveness Center, qui compile les données les plus récentes et les plus pertinentes pour aider les Etats et les entreprises à établir les bases de leur prospérité future. Dans l’édition 2019 de son indice Smart City, le centre a classé 102 villes à travers le monde en portant son attention sur la perception par les citoyens des différentes actions destinées à rendre leurs villes plus intelligentes.

« Les Smart Cities sont porteuses d’espoir pour l'humanité : elles promettent de mettre la technologie au service d’une vie meilleure et du bien-être social. Pour certains, cependant, elles génèrent aussi des craintes : celles de voir nos vies contrôlées, enfermées dans une sorte de “panopticon” régi par l'intelligence artificielle et les objets connectés » écrivent les auteurs de l'étude.

Les chercheurs ont ainsi voulu aller au-delà des questions technologiques pour prendre en compte des préoccupations plus humaines. À quoi bon avoir une ambition urbanistique et architecturale si celle-ci n'est pas destinée à améliorer le vivre-ensemble ?

Auteurs

Christopher Hawkes, senior director et Antonia Maedel, manager of program management de Publicis Sapient à Zurich, en Suisse.

Adaptation au marché français et contact Publicis Sapient France

Iyad Ghanem, Head of Energy and Commodities France

Le classement des Smart Cities, selon l’IMD

1.       Singapour

2.       Zurich

3.       Oslo

4.       Genève

5.       Copenhague

6.       Auckland

7.       Taipei

8.       Helsinki

9.       Bilbao

10.     Dusseldorf

(Source: IMD 2019 Index)

Le Smart City Council, un réseau d'entreprises faisant la promotion du concept, définit une “ville intelligente” comme « une ville qui intègre les technologies numériques dans toutes les fonctions de la ville ». L'Internet des objets - ou IoT, un écosystème de dispositifs numériques interconnectés, qui peuvent collecter et partager des données sans interaction humaine - est au cœur de cette vision.

En effet, l’IoT pourrait permettre de gérer plus efficacement les ressources et les services urbains, améliorer la qualité de vie des citoyens, réduire la pollution, attirer des investissements d’entreprises internationales ou encore rendre les villes plus attractives pour les touristes.

Comment piloter la digitalisation des villes ?

La transformation numérique des villes doit-elle être un mouvement spontané, opéré par différentes structures qui orchestrent les changements en silos, ou doit-elle au contraire être orchestrée et planifiée, à travers une stratégie coordonnée et unifiée qui incite toutes les entreprises et organisations à se digitaliser ?

La configuration idéale semble être celle d’un organisme centralisé qui fixe des objectifs clés, en ayant autorité sur différents secteurs, que ce soit au niveau national ou local. Pourquoi ? Parce qu’il est très difficile à une ville, seule, de dire “nous allons digitaliser les transports”, si cela ne correspond pas à la stratégie de l’Etat… Plus la stratégie numérique est intégrée à la stratégie globale, et donc poussée par un donneur d’ordre central, plus elle a de chances de réussir.

Les gouvernements et les régulateurs doivent donc être impliqués dans la définition de la stratégie globale. En examinant diverses initiatives à travers l'UE, il devient clair qu'un niveau élevé de coordination centrale contribue à motiver les décideurs locaux à aller plus loin. Ensuite, cela incite les acteurs des différents secteurs concernés à investir également dans ces initiatives.

Les villes ne vont pas devenir plus intelligentes sous la seule impulsion d’une décision gouvernementale ou des investissements privés dans l’innovation. Les chances de succès sont bien plus importantes si toutes les parties prenantes partagent un objectif commun. La clé est d’initier un mouvement coordonné d'innovation numérique, répondant à une vision partagée de l’avenir, déclinée dans différents secteurs, avec un plan de déploiement qui s’adapte au fur et à mesure, afin de préparer la suite.

Une question de taille ?

À quelques exceptions près - Singapour, Auckland, Taipei - toutes les villes du Top10 établi par IMD comptent moins de 700 000 habitants. Cela suggère que les villes relativement petites peuvent avoir un avantage lorsqu'il s'agit de devenir “intelligentes” : elles ont certes moins de ressources, mais aussi moins d'infrastructures à transformer.

La Commission européenne établit chaque année un rapport qui mesure les indicateurs de la transformation numérique : le Digital Economy and Society Index (DESI). Il présente dans quelle mesure chacun des pays membres de l'UE a digitalisé son économie et sa société, en examinant cinq domaines : la connectivité, le capital humain, l’utilisation d'Internet, la digitalisation des entreprises et celle des services publics.

La Commission européenne ne se contente pas d’analyser la digitalisation des Etats membres : elle participe activement à en faciliter le processus. Il y a deux ans, après un processus d’appel à candidatures, la Commission a lancé un programme pilote nommé “Digital Cities Challenge”.

Ce programme donne à 41 villes l’accès à des experts de haut niveau en matière de stratégie numérique, ainsi qu’à une formation sur la mise en œuvre de politiques numériques, afin de les aider à répondre aussi bien aux enjeux de croissance économique que de bien public. Cette initiative a abouti à la création d’un réseau de villes qui conduisent leur digitalisation de manière beaucoup plus concertée et plus approfondie.

Person at digital commuting map

Les pays de l’UE qui se sont le plus digitalisés selon les critères du Digital Economy and Society Index 2019 :

1.       Finlande

2.       Suède

3.       Pays-Bas

4.       Danemark

5.       Luxembourg

6.       Irlande

7.       Estonie

8.       Belgique

9.       Malte

10.     Espagne

(Source: Digital Economy and Society Index 2019)

Certains pays ont adopté des feuilles de route officielles pour une digitalisation à l'échelle nationale. Par exemple, l'Autriche a mis en place une stratégie fédérale, regroupant tous les ministères. Celle-ci établit environ 150 mesures et fixe un ensemble de principes directeurs, dont le fait que l'éducation au numérique doit commencer au plus tôt pour les enfants et que les droits de l'Homme s'appliquent également au monde numérique.

De nouveaux défis sont aussi soulignés dans le document, tels que la protection de la vie privée contre une surveillance injustifiée, l’identification et la prévention de la cybercriminalité ou la création de nouveaux emplois pour les travailleurs remplacés par l'automatisation… Les auteurs mettent en avant la notion de progrès social - et pas seulement les avancées technologiques - comme un point central pour réussir une transformation numérique.

“La digitalisation nécessite une réflexion et une action concertées, impliquant tout le monde. Ce n'est pas parce que quelque chose est techniquement possible qu'il est socialement souhaitable. Nous devons continuer d’avoir voix au chapitre sur ces questions” soulignent les auteurs du texte. “En fin de compte, même à l'ère numérique, les individus doivent toujours assumer la responsabilité de la prise de décision. La digitalisation a donc besoin d’être portée par une vision convaincante associée à un cadre politique et réglementaire clair pour sa mise en œuvre. »

La philosophie qui entoure le concept de “Smart City” combine ce qu’il y a de plus prometteur pour notre futur avec ce qui a été le plus inspirant dans notre passé. Elle s’appuie sur des communautés dans lesquelles les données sont partagées pour améliorer la vie des habitants dans de nombreux domaines. Ce mouvement rappelle les moments de notre histoire où la notion de progrès collectif était porteuse d’innovation, et vice-versa. Plus que jamais, nous avons matière à imaginer un avenir meilleur…

Publié initialement en anglais : https://www.publicissapient.com/insights/cities_of_tomorrow